Formateur douteux qui vend du rêve

Métier du web : 5 critères pour repérer une bonne formation (ou une arnaque)

L’essentiel !

Thématique Formation web, reconversion, arnaques
Public cible Reconvertis, freelances, futurs apprenants
Bénéfice clé Identifier les scams et choisir une vraie bonne formation
Temps de lecture estimé 11 minutes
Date de mise à jour 10 juillet 2025
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On croyait le mythe enterré avec les pubs « devenez rentier sans effort » des années 2000. Pourtant, il est bien vivant — et il a simplement changé de décor. Aujourd’hui, il s’affiche en grand sur YouTube, TikTok, LinkedIn ou même dans votre boîte mail : « Devenez copywriter freelance en 30 jours », « Apprenez le SEO et gagnez votre vie en ligne », « Vivez de votre compte Instagram ».

Sur le papier, la promesse est séduisante. Les métiers du web offrent une réelle opportunité de reconversion ou de montée en compétences, avec des débouchés concrets et des parcours souvent accessibles aux autodidactes. Mais derrière cette façade inspirante, le marché de la formation en ligne s’est transformé en véritable jungle, où l’on trouve tout et (surtout) n’importe quoi.

Formateurs anonymes, méthodes recyclées, pédagogie absente, prix délirants… Nombreux sont ceux qui se font avoir, en achetant une formation vendue à coups de slogans plus agressifs que précis. Résultat : argent perdu, motivation plombée, voire écœurement durable du métier.

Alors comment faire le tri entre une vraie formation sérieuse et un énième funnel d’arnaque bien ficelé ? Quels sont les signaux d’alerte à surveiller ? Existe-t-il des repères fiables pour choisir un programme de qualité, adapté à son profil et à ses objectifs ?

Cet article propose un état des lieux lucide, illustré d’exemples concrets, de conseils pratiques et de ressources fiables, pour aider toute personne tentée par une formation web à ne pas tomber dans le piège — ou à en sortir.

Un marché en plein boom… et hors de contrôle

Les métiers du web, nouvel eldorado de la reconversion

Difficile de passer à côté : le web est devenu en quelques années le terrain de jeu privilégié des reconversions professionnelles. Le phénomène s’est accéléré avec le COVID, les vagues de démissions, puis les réformes des retraites. Fatigués par leur job ou en quête d’indépendance, de plus en plus de salariés ou d’autoentrepreneurs se tournent vers le SEO, le copywriting, le design, le community management, ou le e-commerce.

Et pour cause : les métiers du web offrent une barrière à l’entrée relativement basse, une forte demande du marché, et un accès facilité grâce aux ressources disponibles en ligne. Il est désormais possible d’apprendre un métier digital depuis chez soi, sans diplôme préalable. Un rêve d’autonomie, vendu comme accessible à tous. Sauf que…

Cette ouverture massive du secteur s’est accompagnée d’une prolifération de formations — pas toujours encadrées, ni sérieuses. Si certaines structures respectent des normes pédagogiques strictes (formations certifiantes, CPF, Qualiopi…), d’autres se positionnent hors de tout contrôle.

Un simple tunnel de vente suffit aujourd’hui pour vendre un programme à 997 € avec quelques vidéos en ligne. Aucun diplôme requis pour former, aucun audit de contenu, aucun suivi exigé. Résultat : des centaines de “formateurs” se lancent chaque année, souvent sans autre légitimité que leur storytelling ou leur faculté à manipuler les codes du marketing.

Le cocktail explosif de la formation + marketing digital

Là où les choses se corsent, c’est que ces formateurs… sont souvent eux-mêmes des experts en copywriting, funnel, création de fausses urgences et marketing émotionnel. Ils connaissent les ficelles pour créer un besoin, instaurer une tension, faire croire à une solution miracle. Ce qui, dans un cadre commercial classique, peut être légitime… devient dangereux quand il s’agit de vendre du savoir.

Ajoutez à cela la viralité des formats courts (Reels, Shorts, TikToks) et la monétisation de la “preuve sociale” (témoignages, lifestyle Instagram), et vous obtenez une équation simple : plus le marché grossit, plus il attire les opportunistes. Et moins il est lisible pour les personnes qui, justement, cherchent à bien faire.

Quand le marketing dépasse la pédagogie

Des promesses trop belles pour être vraies

Certaines pages de vente ressemblent davantage à des spots de téléachat qu’à des supports pédagogiques. On vous promet monts et merveilles :

  • devenir copywriter à 3 000 €/mois en 6 semaines,
  • vivre du SEO “sans rien y connaître”,
  • automatiser son business pendant qu’on dort…

Et ça fonctionne. Pourquoi ? Parce que les émotions sont soigneusement ciblées : peur de manquer sa vie, besoin d’indépendance, rejet du salariat, volonté de “reprendre le contrôle”. Sauf que derrière l’argumentaire léché, il n’y a souvent qu’un enchaînement de vidéos YouTube rebaptisées “formation”.

Le plus cynique ? Certains formateurs n’ont jamais exercé le métier qu’ils enseignent. Ils vivent uniquement de la vente… de leur formation.

Les red flags à surveiller

Il ne s’agit pas de diaboliser toutes les formations privées. Mais quelques signaux d’alerte doivent faire tilt immédiatement :

  • Aucun extrait du contenu n’est disponible gratuitement.
  • Le programme est flou ou réduit à des slogans (“liberté, mindset, clients haut de gamme”).
  • Le site n’a pas de mentions légales complètes ni de CGV lisibles.
  • Les témoignages sont tous parfaits, sans nuance, souvent anonymes.
  • Le formateur est difficile à identifier ou n’a aucune trace professionnelle claire en dehors de cette page de vente.
  • La vente repose sur la pression temporelle : faux compteurs, relances agressives, “offre qui expire ce soir”.

Bref, plus une formation ressemble à une page de dropshipping, plus il y a lieu de se méfier.

Alerte arnaque sur écran d’ordinateur

Le business des formateurs de formateurs

Un phénomène inquiétant est celui de la formation qui enseigne à vendre… des formations. Le business model est circulaire : tu achètes une méthode pour te lancer dans un métier digital (souvent le copywriting ou le “coaching”), puis on t’explique comment “scaler” ton activité en devenant formateur à ton tour.

On n’est plus dans la transmission de compétences, mais dans une économie de la promesse. Un système qui s’auto-alimente, jusqu’à ce que la bulle éclate — ou que les élèves se rendent compte qu’ils ont appris à vendre du vent.

3 cas emblématiques (et discutables)

Tugan Bara : le gourou du copywriting dark

Difficile de parler de formation web sans évoquer Tugan Bara, figure centrale d’un marketing ultra-agressif revendiqué comme tel. Fondateur de plusieurs programmes (dont la formation R.X, très populaire), il enseigne le copywriting comme une arme de persuasion massive, souvent avec un ton provocateur et des références à la “matrice”.

S’il ne manque ni de talent ni de résultats, le problème réside dans le fond comme dans la forme. La pédagogie est secondaire, le contenu volontairement cloisonné, et l’objectif clairement affiché : vendre, convaincre, manipuler si besoin. Certains élèves s’y retrouvent, d’autres dénoncent un climat toxique, un mépris du client et une philosophie purement opportuniste.

Les formations dropshipping façon « Airbnb de la Chine »…

Autre cas de figure : les formations au e-commerce via dropshipping, notamment via AliExpress. En quelques années, de nombreux influenceurs YouTube ou TikTok ont surfé sur ce filon avec des promesses spectaculaires : 5 000 € de bénéfices en une semaine, boutiques automatisées, “produit winner” à copier.

Problème : les méthodes sont souvent obsolètes, non différenciées, et les “success stories” tiennent plus de l’anecdote que du modèle duplicable. Une fois la vague passée, les élèves se retrouvent seuls, sans vraie compétence transférable. Et dans certains cas, les mêmes formateurs leur proposent… une autre formation.

Le mirage TikTok : devenir CM ou SEO à 16 ans

De jeunes créateurs, parfois mineurs, vendent désormais des “programmes” pour devenir community manager, monteur vidéo, ou freelance SEO. Le tout en quelques heures de visionnage, avec pour preuve des captures d’écran de paiements PayPal ou des vidéos de leur iPhone flambant neuf.

Ces contenus surfent sur l’envie de réussite rapide et sur l’esthétique “hustle” importée des États-Unis. Mais ils brouillent totalement la frontière entre formation, motivation et illusion. Sans cadre, sans contenu vérifiable, sans support, ils laissent derrière eux des abonnés frustrés et désillusionnés — quand ils ne tombent pas dans des arnaques pures.

Comment choisir une formation sérieuse ?

5 critères fiables pour faire le tri

Dans la masse de contenus disponibles, il est difficile de distinguer une formation réellement sérieuse d’un simple produit marketing. Voici cinq repères concrets qui doivent vous guider avant de sortir la carte bleue :

  • Un programme détaillé est visible dès la page de vente : pas de promesse floue ou d’intitulé vague. Chaque module doit avoir un titre, un objectif clair, et, si possible, un extrait visible.
  • Le formateur est identifiable : nom, prénom, parcours documenté, présence active sur des canaux professionnels (LinkedIn, chaîne YouTube, podcast…). On ne confie pas 1 000 € à un avatar sans visage.
  • Des retours d’élèves vérifiables : témoignages en vidéo, profils LinkedIn accessibles, groupes communautaires ouverts. Méfiez-vous des témoignages « trop parfaits » ou anonymes.
  • Un suivi ou une communauté sont inclus : Slack, Discord, lives, sessions de questions-réponses… L’apprentissage ne se fait pas seul, encore moins dans le vide.
  • Des contenus gratuits de qualité sont disponibles en amont : newsletters, mini-cours, vidéos longues. Si le gratuit est creux, le payant ne sera pas meilleur.

Un critère en plus, recommandé par Futura-Sciences

Dans un article très complet sur le sujet, Futura-Sciences recommande aussi de vérifier si la formation s’inscrit dans un parcours évolutif. En clair : vous devez pouvoir monter en compétence au fil du temps, avec des paliers de difficulté, des exercices pratiques, et une possibilité de faire valider vos acquis. Ce critère est d’autant plus important si vous visez une insertion professionnelle rapide ou une montée en gamme dans vos prestations.

👉 Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article.

Et si vous avez un doute ?

Posez-vous simplement cette question : si vous deviez recommander cette formation à un ami proche, seriez-vous pleinement à l’aise ? Si la réponse est “non”, passez votre chemin. Il existe aujourd’hui une offre immense de contenus pédagogiques, et la qualité ne se mesure pas au prix affiché.

Et demain ? Vers une labellisation des formations ?

Le web, toujours terrain d’ombre et de lumière

Tant que la formation reste un produit comme un autre, les abus continueront. Ce n’est pas une spécificité des métiers du digital, mais leur forte exposition en ligne et l’attrait pour l’indépendance en font une cible de choix pour les vendeurs de rêve.

L’absence de régulation stricte (en dehors du CPF et des financements publics) permet à n’importe qui de monter une “académie” sur Podia, Teachable ou Learnybox en un week-end. Et tant que cela rapporte, l’écosystème ne s’auto-nettoiera pas.

Des signaux positifs émergent

Heureusement, les consommateurs deviennent plus vigilants, les dénonciations plus fréquentes, et certaines initiatives visent à structurer le secteur. Des comparateurs émergent, des créateurs de contenus publient des revues critiques, des communautés partagent des avis plus honnêtes.

Certains labels privés tentent aussi d’instaurer des standards (comme Noé dans le domaine de la rédaction), mais leur reconnaissance reste limitée. Le véritable filtre reste donc… l’esprit critique et la curiosité de l’apprenant.

Des ressources sérieuses et éthiques à privilégier

En attendant un cadre plus fiable, mieux vaut se tourner vers des solutions à la pédagogie éprouvée :

  • Des plateformes établies comme OpenClassrooms, Le Wagon, ou FRW (Formation Rédaction Web).
  • Des créateurs indépendants, transparents sur leurs méthodes, actifs dans leur domaine, et accessibles.
  • Des chaînes YouTube spécialisées, des newsletters d’experts, ou même des blogs techniques tenus par des professionnels.

Se former sur le web est une excellente idée. À condition de ne pas se former auprès de n’importe qui.

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