L’essentiel !
Thématique | SEO – compréhension de l’algorithme Google |
Public cible | Rédacteurs web, consultants SEO, créateurs de contenu |
Bénéfice clé | Comprendre pourquoi et comment Google évalue l’intention derrière chaque requête |
Temps de lecture estimé | 13 minutes |
Date de mise à jour | Juillet 2025 |
AFFICHER LE SOMMAIRE
Pendant longtemps, Google classait les pages en fonction des mots-clés qu’elles contenaient. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le texte brut qui compte : c’est l’intention qui se cache derrière la requête. L’algorithme cherche à répondre à une question implicite, à combler un besoin précis, à deviner ce que l’utilisateur veut vraiment faire — même s’il ne le formule pas parfaitement.
C’est ce qu’on appelle l’intention de recherche, ou search intent. Elle correspond au but réel d’une requête, à ce que l’internaute espère accomplir : obtenir une information, acheter un produit, comparer des options, localiser un service, ou simplement naviguer vers une page connue. Comprendre cette intention, c’est lire entre les lignes, décoder les attentes et y répondre avec un contenu qui tombe juste.
Depuis l’introduction de systèmes comme RankBrain, BERT ou plus récemment Navboost, cette capacité à interpréter les requêtes avec finesse est devenue essentielle pour apparaître dans les résultats. C’est même l’un des piliers du SEO moderne : si vous ne répondez pas à la véritable intention, vous sortez du radar de Google.
Dans cet article, on remonte aux origines de cette notion, on en explore les différents types, leur porosité, leurs liens avec les formats de contenu… et on vous montre pourquoi vous ne pouvez plus penser votre stratégie SEO sans intégrer cette dimension invisible mais déterminante.
Qu’est-ce que l’intention de recherche ?
Définition générale
L’intention de recherche — ou search intent en anglais — désigne la raison profonde qui pousse un internaute à taper une requête dans un moteur de recherche. Elle reflète le besoin réel derrière la formulation : veut-il apprendre, acheter, résoudre un problème, comparer des offres, accéder rapidement à un site précis ?
Prenons un exemple simple : une personne qui tape “meilleure trottinette électrique” ne veut pas une définition du mot “trottinette”. Elle souhaite probablement obtenir un comparatif, lire des avis ou préparer un achat. L’intention dépasse le mot-clé : elle touche à l’objectif de l’utilisateur, souvent implicite.
Une rupture dans l’histoire du SEO
Pendant des années, le SEO s’est focalisé sur les mots-clés exacts : plus un mot apparaissait dans le titre, les balises ou le contenu, plus la page était censée être “pertinente”. Mais cette approche a montré ses limites, car elle ne prenait pas en compte le contexte, ni la diversité des formulations pour un même besoin.
Depuis l’arrivée de RankBrain (2015), puis de BERT (2019), Google s’oriente vers une compréhension sémantique et comportementale des requêtes. Il n’analyse plus uniquement les mots, mais le sens global et l’intention supposée. Il cherche à deviner ce que veut l’utilisateur, même si sa requête est vague, incomplète ou ambivalente.
Une logique orientée utilisateur
L’intention de recherche est donc une notion centrée sur l’expérience utilisateur. Google veut éviter que l’internaute retourne aussitôt sur les résultats parce qu’il n’a pas trouvé ce qu’il cherchait (le fameux “pogo-sticking”). Il veut que chaque clic mène à une réponse satisfaisante, ce qui explique pourquoi il modifie constamment la composition des SERP.
Dans cette logique, le SEO ne peut plus se résumer à un jeu de mots-clés. Il devient un art de la pertinence : proposer le bon contenu, au bon format, au bon moment, pour l’intention précise qu’exprime (ou n’exprime pas encore clairement) l’utilisateur.
Pourquoi c’est devenu central ?
Un tournant dans l’algorithme de Google
L’importance croissante de l’intention de recherche est directement liée à l’évolution des algorithmes de Google. Depuis RankBrain (2015), puis BERT (2019) et MUM (2021), Google a radicalement changé sa façon de classer les pages : il n’indexe plus simplement des mots-clés, il essaye de comprendre des intentions.
Avec ces mises à jour, Google cherche à fournir la meilleure réponse possible, même si elle ne contient pas exactement les mots de la requête. Un contenu qui matche bien l’intention peut donc dépasser un contenu mieux optimisé sur le plan lexical, mais mal ciblé sur le fond.
L’effet Navboost : le poids du comportement utilisateur
Depuis les révélations de mai 2024 sur les fuites internes de Google, on sait que l’algorithme intègre un système baptisé Navboost, basé sur l’analyse massive des clics utilisateurs. Ce système permet à Google de déterminer si un contenu satisfait réellement les internautes, en observant par exemple :
- le taux de clic sur un résultat donné,
- le temps passé sur la page,
- les retours immédiats aux SERP (rebond ou pogo-sticking),
- les parcours de navigation.
Autrement dit : si votre page ne répond pas bien à l’intention de recherche, elle sera déclassée, peu importe la richesse de son champ lexical ou la propreté de son maillage.
Des requêtes de plus en plus floues
L’explosion du mobile, de la recherche vocale et des usages conversationnels a entraîné une hausse massive des requêtes vagues, implicites, voire mal formulées. Google doit désormais interpréter des requêtes comme “il est ouvert ce truc de pizza vers chez moi” ou “comment faire un site” — des formulations qui obligent à déduire l’intention plutôt qu’à l’identifier directement.
C’est pourquoi Google s’appuie sur tout ce qu’il peut : contexte géographique, historique de recherche, comportement antérieur, type d’appareil, heure de la journée, etc.
Une exigence éditoriale nouvelle
Pour les créateurs de contenu, cela signifie que la qualité ne suffit plus si elle ne rencontre pas l’intention. Il ne s’agit pas seulement de bien écrire ou de produire du contenu expert. Il faut produire le bon type de contenu pour la bonne intention, sinon Google ne vous positionnera pas… ou vous éjectera rapidement.
Quels sont les types d’intention de recherche ?
La typologie classique (et toujours utile)
Les experts SEO s’accordent généralement sur quatre grandes familles d’intention, qui couvrent l’essentiel des requêtes formulées sur Google :
- Informationnelle – L’utilisateur cherche à comprendre, apprendre ou découvrir quelque chose. Ex : « comment fonctionne une pompe à chaleur », « histoire du SEO », « qu’est-ce que le crawl ».
- Navigationnelle – L’utilisateur veut accéder à un site ou à une page spécifique. Ex : « LinkedIn connexion », « Screaming Frog site officiel », « Wikipedia Léonard de Vinci ».
- Transactionnelle – L’utilisateur est prêt à agir, souvent à acheter ou à remplir un objectif de conversion. Ex : « acheter micro cravate USB », « réserver hôtel Bordeaux », « tarif outil Ahrefs ».
- Commerciale / Investigation – L’utilisateur envisage une action mais veut d’abord comparer, se renseigner, évaluer les options. Ex : « meilleur hébergeur 2025 », « avis LearnyBox vs Systeme.io », « comparatif outils SEO gratuits ».
Une classification parfois poreuse
La réalité est rarement aussi nette. De nombreuses requêtes sont hybrides, contextuelles ou évolutives. Par exemple :
- « Google Analytics » peut être navigationnelle (accéder à la plateforme), informationnelle (comprendre l’outil) ou commerciale (évaluer les alternatives).
- « Tarif consultant SEO » peut être transactionnelle ou purement exploratoire, selon le degré de maturité du besoin.
- « Formation SEO gratuite » oscille entre intention informationnelle et transactionnelle (objectif final de conversion, mais attente de contenu utile avant).
Cette porosité impose une analyse fine des requêtes — et souvent une validation empirique en observant les SERP et le comportement des utilisateurs.
Intention et parcours utilisateur
Ces intentions ne sont pas figées : elles s’inscrivent dans un parcours de décision. Un même utilisateur peut successivement taper :
- « qu’est-ce que le SEO » (informationnelle),
- « meilleure formation SEO 2025 » (commerciale),
- « acheter formation Romain Pirotte » (transactionnelle).
En SEO, il devient donc stratégique de produire des contenus qui ciblent les différentes étapes de ce parcours, pour capter l’attention à chaque phase.
Quels contenus pour quelles intentions ?
Aligner le fond, la forme et l’intention
Une erreur fréquente en SEO est de croire que n’importe quel contenu peut répondre à n’importe quelle intention, du moment qu’on y colle quelques mots-clés. Or c’est faux : chaque type d’intention appelle un format spécifique, une structure adaptée, un degré de profondeur cohérent avec l’attente de l’utilisateur.
Aligner intention et format, c’est éviter le décalage entre ce que veut l’internaute et ce qu’on lui propose. Et ce décalage, Google le repère.
Formats adaptés aux intentions
- Informationnelle → articles de blog, guides, glossaires, tutoriels, vidéos explicatives, infographies, podcasts. Ex : un article “Comment fonctionne un moteur de recherche ?” ou une vidéo “Le SEO en 5 minutes”.
- Navigationnelle → page d’accueil, page marque, fiche produit officielle, annuaire, profil. Ex : une page “Screaming Frog – Télécharger” ou “Google Analytics – Connexion”.
- Commerciale → comparatifs, pages catégorie, tests produits, études de cas, témoignages clients, analyses d’avis. Ex : une page “Comparatif des meilleurs outils de netlinking 2025”.
- Transactionnelle → landing pages optimisées, fiches produits, formulaires, démonstrations, appels à l’action clairs. Ex : une page “Réservez votre audit SEO personnalisé en 48h”.
Des choix éditoriaux stratégiques
Pour bien répondre à une intention, il ne suffit pas d’avoir “le bon format”. Il faut aussi :
- Utiliser le bon niveau de langage (vulgarisation ou jargon technique).
- Choisir le bon ton (expert, rassurant, comparatif, incitatif…).
- Structurer le contenu selon le niveau d’urgence ou de maturité de l’utilisateur.
- Ajouter les bons éléments de réassurance (preuves sociales, chiffres, témoignages…).
Un contenu peut être parfaitement rédigé mais ne jamais performer, simplement parce qu’il n’est pas aligné sur la bonne intention.
Comment déterminer l’intention d’une recherche ?
Observer les résultats de recherche
Le moyen le plus fiable pour deviner l’intention derrière une requête, c’est encore de regarder ce que Google affiche en première page. Les SERP (Search Engine Results Pages) sont le reflet de ce que l’algorithme considère comme pertinent… donc comme “répondant bien à l’intention”.
Que faut-il observer ?
- Les types de contenus en tête (article de blog ? fiche produit ? vidéo ? page service ?)
- La structure des pages bien positionnées (longueur, présence de visuels, CTA…)
- Les fonctionnalités intégrées par Google (People Also Ask, featured snippet, local pack, vidéos YouTube, etc.)
Par exemple : si vous tapez “formation rédaction web” et que vous voyez surtout des pages de vente, c’est que l’intention est transactionnelle ou commerciale. Si vous voyez des articles de blog expliquant comment choisir une formation, l’intention est plus exploratoire.
Analyser les modificateurs sémantiques
Certains mots dans une requête sont très révélateurs de l’intention sous-jacente. On les appelle parfois les modificateurs. En voici quelques exemples :
- Informationnels : “comment”, “pourquoi”, “guide”, “définition”, “expliquer”, “fonctionnement”
- Navigationnels : “connexion”, “site”, “page”, “profil”, “accès”, “login”
- Transactionnels : “acheter”, “prix”, “réserver”, “télécharger”, “code promo”, “essai gratuit”
- Commerciaux : “meilleur”, “comparatif”, “avis”, “vs”, “fiable”, “2025”
Ces mots peuvent apparaître dans la requête… ou dans les suggestions de Google Autocomplete, ce qui permet de cerner les intentions dominantes associées à un mot-clé.
Utiliser les outils SEO (avec recul)
Certains outils SEO essaient désormais d’identifier automatiquement l’intention associée à un mot-clé (SE Ranking, Semrush, Ahrefs…). Mais les classifications sont encore parfois approximatives ou rigides. Ils peuvent servir de point de départ, mais l’analyse humaine reste irremplaçable, surtout sur des requêtes ambivalentes ou multi-intentionnelles.
Prendre en compte le contexte
Enfin, une même requête peut correspondre à plusieurs intentions selon la personne qui la tape. L’intention est contextuelle : elle dépend de l’appareil utilisé, de la localisation, de l’historique de navigation, de la saison, voire de l’heure de la journée.
Exemple : “pizza Lyon” peut être une recherche informationnelle (trouver une recette), commerciale (comparer des pizzerias), ou transactionnelle (commander maintenant).
Une clé de lecture pour Google : Navboost
Ce que révèlent les fuites de Google
En mai 2024, une fuite massive de documents internes de Google a mis en lumière le fonctionnement de plusieurs systèmes jusqu’ici opaques. Parmi eux, Navboost occupe une place centrale. Il s’agit d’un système d’analyse du comportement utilisateur à grande échelle, qui influe directement sur le classement des pages.
Concrètement, Navboost enregistre des millions d’interactions utilisateurs pour comprendre quels résultats semblent satisfaisants… et lesquels ne le sont pas. Ce n’est pas une vue théorique : Google mesure en permanence :
- le taux de clic (CTR),
- le temps passé sur la page,
- le retour rapide vers les résultats (pogo-sticking),
- les clics suivants dans la session de recherche,
- les taux de rebond ajustés au contexte,
- les parcours de navigation entre les sites visités.
Une intention mal satisfaite = un déclassement
Avec Navboost, Google ne se contente plus de “deviner” l’intention de recherche : il vérifie si l’utilisateur a trouvé ce qu’il cherchait. Une page peut donc perdre sa place même si elle correspond bien à la requête sur le papier, simplement parce que les internautes la quittent trop vite, ou poursuivent leur recherche ailleurs.
C’est une logique d’évaluation indirecte mais implacable. Et cela renforce encore le rôle de l’intention : si votre contenu ne satisfait pas une attente claire (ou au contraire, répond à côté), il ne tiendra pas dans les SERP, même avec tous les critères SEO classiques réunis.
Vers une personnalisation des intentions
Autre implication de Navboost : les résultats sont de plus en plus personnalisés, en fonction de données comportementales passées. Cela signifie que l’intention elle-même peut être recalculée à la volée, selon qui vous êtes, où vous êtes, ce que vous avez déjà vu ou aimé.
L’intention de recherche n’est donc pas une vérité figée, mais une projection probabiliste fondée sur un ensemble de signaux. En SEO, cela implique d’adopter une approche modulaire, centrée utilisateur, et fondée sur l’expérience autant que sur la technique.
Ouverture
Une boussole indispensable dans le SEO moderne
L’intention de recherche n’est plus un simple critère secondaire. C’est devenu la grille de lecture principale de Google pour juger de la pertinence d’un contenu. C’est aussi un fil rouge stratégique pour tout créateur de contenu, marketeur ou consultant SEO.
Comprendre ce que veut réellement un utilisateur, c’est concevoir un site plus utile, plus fluide, plus engageant. C’est créer un contenu qui ne sert pas seulement à se positionner, mais à convaincre, fidéliser, convertir.
Vers un web centré sur l’usage
Avec l’essor de l’IA générative, des moteurs conversationnels, de la recherche vocale ou visuelle, la notion d’intention va devenir encore plus floue… et plus importante. Les mots-clés disparaîtront peut-être à terme, mais les intentions, elles, resteront. Savoir les identifier, les modéliser, les anticiper sera la compétence SEO des années à venir.
Dans le prochain article, nous verrons comment satisfaire une intention de recherche, avec des cas concrets, des formats adaptés et une méthode progressive pour aligner votre contenu sur les attentes réelles de vos visiteurs.